ambient

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L'Ambient naît en 1975 lorsque Brian Eno se voit offrir un disque de musique pour harpe du XVIIIe siècle alors qu'il est hospitalisé. Il met le disque, mais, une fois alité, se rend compte que le volume est bas. Trop faible pour se relever, il l'écoute de cette manière.
Il découvrit alors « une nouvelle façon d'écouter de la musique – une musique qui ferait partie de l'atmosphère, de l'environnement, au même titre que la couleur de la lumière
et le bruit de la pluie ».1
Les sons qui l'entourent prennent quasiment autant d'importance que la musique même : « les sons devinrent flous, le son de la harpe et celui de l'eau de pluie se mélangèrent pour dessiner les contours d'une musique nouvelle ».2
L'ambient était né, et à partir de cet instant, Eno ne produisit plus que des disques inspirés de cette expérience.
Il crée alors une musique proche du murmure, vaporeuse, qui passe dans le paysage, crée un environnement figuratif : une musique d'ambiance. Elle permet une écoute inattentive, distraite, devient un environnement sonore : « la musique ambient doit être capable de s'adapter à de nombreux niveaux d'attention d'écoute sans obliger l'auditeur
à en adopter un en particulier ; on doit pouvoir l'ignorer autant que s'y intéresser ».1
Eno la compare à une toile accrochée au mur, qui reste là qu'on y prête attention ou non.
Il publie en 1978 le premier grand classique de ce genre : Music for Airports, qui repose sur un concept de nappes mélodieuses, élément qui définit encore aujourd'hui la marque de fabrique de l'ambient.
Il faut attendre le milieu des années 1980 pour qu'une autre grande figure emblématique
du genre émerge en la personne de Mixmaster Morris, prolongea les préceptes d'Eno,
et développa le concept de musique pour chill-out.

À la fin des années 1980, l'ambient se mélangea à la house par le biais d'artistes comme Yellow Magic Orchestra, KLF et surtout The Orb. Les nappes se mêlent alors aux beats réguliers des grosses caisses et aux basses synthétiques dans une musique planante et psychédélique : l'ambient house.
Peu après, le très jeune Aphex Twin, génie de la musique électronique, et démon de la scène rave et electronica naissante, se change en ange lorsqu'il publie son premier album Selected Ambient Works '85-'92 en 1993, « un disque de ballades électroniques – pâle, insaisissable, solitaire, éploré, intime ».2
Comme son nom l'indique il s'agit de morceaux composés à partir de 1985, alors qu'il n'a que 14 ans et qu'il n'a jamais entendu la musique de Brian Eno. Il en ressort pourtant un album magique et envoûtant, qui baigne l'auditeur dans des sonorités qui sont le fruit de bricolages électroniques et recherches de laboratoire.
En plus de fusionner avec de nombreux genres (ambient dub, ambient trance, ambient jungle…) l'ambient va donc, à partir des années 1990, se mêler à l'electronica, qui va souvent en incorporer des éléments et notamment les vastes nappes texturées enveloppant les rythmiques.





1. ENO, Brian, cité dans « Ambient », in Modulations,
Une Histoire de la musique électronique
, Allia, Paris, 2010

2. MARCUS, Tony, « Ambient », in
Modulations,
Une Histoire de la musique électronique
, Allia, Paris, 2010




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