aujourd'hui

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Aujourd'hui nous assistons à une hybridation totale des musiques électroniques.
Bien sûr il reste des styles reconnaissables, mais les genres et sous-genres se sont tellement étendus et croisés entre eux qu'il serait inutile et fastidieux de tenter d'en faire une approche historique (et trop tôt ?) ou même une liste.
Les genres pionniers de dub, house, techno ou encore hip-hop « ont rapidement évolué vers d'autres formes, opérant de multiples fusions, diversions et autres schismes, pour
se redéployer dans le temps et l'espace d'une façon tout-à-fait inhabituelle, comparée
aux genres musicaux qui les ont précédés. […] L'électronique est aujourd'hui une musique hétérogène, voire une pratique cannibale. Elle se nourrit de tous les genres
qui lui sont préexistants et contemporains, les recyclant à une vitesse vertigineuse. »1
Aujourd'hui, des genres obscurs apparaissent furtivement un jour pour s'effacer le lendemain avant d'être redigérés, remis au goût du jour ou transformés à nouveau.
« Concrètement, les genres musicaux ont perdu de leur pureté. Ils ne restent plus vierges très longtemps et connaissent les mariages précoces comme une rapide descendance consanguine. »1

Quant aux process des musiques électroniques actuelles, ils sont souvent le résultat
de la prépondérance de l'ordinateur portable et surtout du numérique qui multiplie les flux
et les échanges, et sont sans cesse en évolution dans ce que Jean-Yves Leloup nomme
un magma numérique.
« Dans ces échanges entre artistes, auditeurs, logiciels, matrices, consoles, terminaux, réseaux et sous-réseaux, dans cette circulation ininterrompue, c'est effectivement tout
un système d'interdépendance qui prend forme. La musique, c'est désormais ce flux numérique évoluant au gré de pérégrinations et d'hybridations successives.
Ce système, c'est un univers immersif d'information qui peut alors s'apparenter à
une nébuleuse, un magma de données évoluant, ou plutôt mutant au gré des apports et
des influx. Un magma numérique sans origines définies, parce que de toutes les origines. Un magma numérique sans cesse croissant, en ébullition constante, appelé à se modeler ou à se modifier au gré des évolutions technologiques, des nouveaux modes de consommation, des inventions des artistes ou des auditeurs. »1





1. LELOUP, Jean-Yves, Digital Magma, Scali, Paris, 2006





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Test Pattern, Ryoji Ikeda, 2008.
Cette installation et performance audiovisuelle qui convertit tout type de données
en motifs binaires peut évoquer les process des musiques électroniques actuelles
et leurs flux numériques infernaux.


Id#05 - Alva Noto & Ryoji Ikeda - 2011